Les bateaux
Premières ébauches, maladroites, l’image du bateau est bien là mais celui-ci ne bouge pas ; pas le moindre souffle dans ses voiles… Malgré l’observation attentive, un malaise s’installe : aucun ressenti face aux tableaux créés.
Il faudra un déclic, une aventure, forte et singulière, pour que ne se débloque le mouvement. Celle-ci prendra la forme d’une visite auprès d’un couple d’amis de mon père, en Bretagne. Elle est créatrice de bijoux, lui est peintre et surtout un marin qui a fait plusieurs fois le tour du globe. Au-delà du récit de ses aventures extrêmes, un épisode cocasse et marquant, sur un canot du XIXe siècle, suffira à réveiller l’évocation du déséquilibre qui remue les embarcations, des forces qui animent les navires.
Quelques épreuves à l’encre de mon père, lui-même artiste peintre, entérineront ce qui s’est enclenché : les premiers bateaux vivants, vibrants, résistants, en lien avec les éléments, apparaissent sous mes doigts. S’en suivra une période frénétique (l’ouverture des vannes procure ce genre d’épisodes fiévreux) de création axée sur l’invitation au voyage, sous la forme la plus élégante qui soit, celle des bateaux filant sur l’eau.