Week-end au bord de mer
Un bout de bois bleu, un bout de cabane de pêcheur en décrépitude sur l’ile d’Oléron…
Un cadeau ; le reste de la cabane était bien solidaire, je n’ai pas pu prendre un autre morceau.
La rareté confère au cadeau son ampleur.
Tout le tableau aura été composé autour de ce bout de bois au bleu décoloré par le soleil et le sel, laissant apparaître des traces de la peinture noire précédente..
Un bout de bois comme une terre qui accueille des habitations basses, lumineuses, de bord d’océan… un bout de bois comme un bout de planète, bleue.

Un bout de bois, rouge, trouvé sur le lieu de mon enfance. Un bout de bois, reste d’une boite de jeu pour enfant. Un bout de bois généreusement offert par les anciens voisins que je revoyais alors et qui étaient
bien heureux de me rendre heureuse avec un si « petit » don. Le rouge, patiné par la lumière des Cévennes, a gagné en intensité. Il est aussi vif que profond. Il est comme les souvenirs.

La rocaille et le thym des Cévennes, montagnes où il fait bon vivre perché. Descendre en plaine, relier les autres se fait par des chemins escarpés, comme des fils suspendus, des passerelles vers d’autres mondes.

Bribes de moustiquaire narbonnaise surannée, copeaux de métal toulousain torsadés, bois cévenols emmêlés.
Tous à l’unisson d’un même ton où les contrastes se créent.

Une brindille offerte par l’être aimé, des bouts de rocailles cévenoles stylisés par le soleil et c’est instant de grâce d’une suspension où ce qui est lourd devient comme ce qui est léger : léger.
Éphémère et délicat est cet instant-là.

A l’origine, la première montre de ma mère… « sacrifiée » avec le consentement de cette dernière… Pas une pièce du mécanisme n’y a échappé. Elles sont toutes là, comme des corolles de fleurs, encadrant l’édifice abritant le temps mécanique qui s’écoule.
Machine à décréter le temps à défaut de le remonter.

Un tissu sri lankais, un galet breton, des végétaux garonnais. Une île au vent où les gens s’observent.

Rien ne se perd. Et surtout pas les restes des couleurs utilisées dans les précédents tableaux. Associées, elles créent un nouveau monde, en expansion…
Tout se crée, y compris le monde dans lequel nous vivons… à partir de ce que nous sommes.