LE tableau
Même s’il y en a d’autres, même si je les aime tous, parce que celui-là aura, au moment de son achèvement, achevé de me contenter. Une sorte de mini aboutissement, de l’équilibre trouvé, des matériaux assemblés et comment, du dégradé argenté qui le tient, de l’arbre délicat qui le centre… Il est rare que les actes accomplis correspondent exactement à ce que la pensée avait en tête. C’est ici le cas et ajouter à cela le fait qu’il arbore le cadran de ma première montre, de la calligraphie sri lankaise, des éclats de verre, des feuilles en tissu… en font un tableau qui me comble.
L’arrivée au port
Avec les bateaux, vient l’envie de travailler les couleurs de ciel déjà. La lumière bleue électrique de l’océan ne s’improvise pas. Travail par touches, par empreintes pour essayer de représenter au mieux cette impression inégalée des bords de l’Atlantique… L’océan lui-même s’impose comme une masse vivante, mouvante, ici retranscrit à travers des bouts de cuirs mêlés à des aplats peints à part. Le reste de la composition s’installe alors simplement, bord du quai qui accueille les bateaux rentrant au port…
Dans un monde en mouvement, la paix revient souvent à se poser quelque part.
Bleu arctique
La couleur ici plus que jamais est au cœur de la recherche. Empreintes, aplats directs, découpes, assemblages, tout est au service du monochrome que seuls le bateau blanc et le soleil viennent perturber. Ici pas d’ajouts de matière naturelle, tout est créé pour être dédié. L’accent est aussi mis sur la découpe qui cisèle les contours de l’océan pour faire de cet ensemble également un objet de curiosité design. Une création esthétisante qui indéniablement s’inscrit dans une continuité et qui pourtant est à part…
Les vilains petits canards sont souvent si beaux.
Au pied de mon arbre
Ce baobab de thym trouvé sur les Cagnasses, montagne entre Cévennes calcaires et Cévennes schisteuses, ne pouvait être qu’au centre. Retravaillé pour lui donner encore plus de poids dans la composition, il va même induire l’équilibre du cadre, qu’il fait littéralement basculer.
Difficile pour le reste d’exister, la composition se réduit, se fait modeste et d’autant plus délicate ; comme l’est la condition humaine face à la majesté de la nature…
Robinson
Un tableau dont l’éclosion a été complexe. Au début, un fond qui s’impose, directement… puis une maison qui arrive tout aussi naturellement mais qui va repartir aussi vite qu’elle est venue, du fait de l’arrivée du bateau… rouge (un reste de cette boite de jeux pour enfants, récupérée sur les lieux de mon enfance…), avec cette toile aux antipodes du design mais si « vraie » que de suite, son style s’impose.
Commence alors une longue quête, celle de l’équilibre qui, tant qu’il n’est pas trouvé, sera recherché et recherché encore… Le bateau appellera l’île en bois flotté (mélange de Corbières et d’Atlantique) ; îlot entre deux mers… et puis ce marin qui se glisse derrière, Robinson, qui retourne dans son havre de paix. Le soleil est également le fruit d’une longue hésitation, entre un coquillage lune formidable mais à la tendance trop nocturne et ces rondelles de métal rouillé, trouvées dans le cadre d’un chantier et qui elles transmettent la chaleur d’un astre écrasant.
A l’instar de l’aventure de Robinson, ce tableau aura été un combat, mêlant des moyens de différents bords…